Carnet de route
Itinérance autour des glaciers de la Vanoise
Le 10/07/2022 par Claude Senée
Itinérance Tour des glaciers de la Vanoise
Quelques chiffres…
5 jours du 10 au 14 juillet
10 participants
60 km
2760 m de dénivelé positif
3058 m de dénivelé négatif
30 heures d’effort
100% sécurité, plaisir, partage, entraide et transmission.
« Pralo », Pralognan la Vanoise, sera notre camp de base et départ pour cette rando itinérante en refuges.
Samedi 09 - La veille du départ, de retour d’encadrement du séjour alpinisme dans les Ecrins, le temps de poser corde piolet crampons baudrier et quincailleries diverses, je retrouve tous les participants au camping du parc Isertan (super camp de base) pour un dernier point équipement avec un ajustement du contenu des sacs à dos au regard des prévisions météo. Grand beau annoncé pour la durée de notre périple avec des températures chaudes. Derniers dilemmes… J’emporte combien de vivres de course ? cape de pluie ? doudoune ? Pantalon ? L’idée c’est de voyager léger mais aussi ne manquer de rien !... Il y en a même qui se répartissent le poids entre 2 sacs avec un avantage certain pour… L’avantage c’est que nous avons un sherpa qui est prêt à prendre de la charge supplémentaire. Pas la peine d’aller en Himalaya !
Dimanche 10 – De Pralognan au refuge du col de la Vanoise (2517 m) 7 km - D+ 760 m - 4 heures
Première étape où le rythme est imprimé pour que chacun puisse papoter, observer, prendre des photos… bref marcher pour pouvoir enchainer les 5 étapes. Nous empruntons le GR55 par un sous-bois bien agréable passant par les Fontanettes en admirant la petite aiguille de l’Arcelin qui se dresse fièrement sur notre droite. Petite halte au refuge des Barmettes puis nous traversons la Glière par son pont. Nous entrons véritablement dans le parc national de la Vanoise quelques mètres plus loin. C’est le premier parc national en France créé en 1963 pour une principale raison, la disparition du bouquetin dans ce massif. L’aiguille de la Vanoise nous offre une verticalité rocheuse de sa face nord à deux pas du sentier, où nous suivons du regard et aux jumelles les 4 cordées engagées dans la face. Nouvelle pause contemplative au Lac des Vaches, lieu emblématique de ce massif qui figure sur de nombreuses cartes postales. Traversée du « lac » sur un alignement de pierres plates avec des linaigrettes qui nous font une haie d’honneur. Réchauffement climatique et saison sèche sont bien visibles avec la baisse du niveau d’eau depuis quelques années… Jusqu’à quand l’eau sera présente ? La flore quant à elle est généreuse à tous les étages et les 2 premières edelweiss observées ont pénétré la chambre noire des appareils photos (ou sont plutôt entrés dans les téléphones portables…). Plus haut ce sera le Lac Long qui s’offrira à nous sous les pentes de la petite Glière et de La Grande Casse avec la pointe Mathews. Nouvelle stupeur, le glacier de La Grande Casse est réduit à quelques taches blanchâtres entre les cailloux et rochers. Quel recul glaciaire ces trente dernières années !
L’altimètre affiche 2516 m, nous sommes au refuge du Col de la Vanoise (ex Félix Faure). C’est un refuge historique qui a entièrement été rénové ces dernières années. Accueil 3 étoiles, belle salle commune, un beau dortoir avec ses couchages tout confort et même des douches chaudes (il faut comprendre comment mettre le jeton !). Vue unique sur la face ouest de la Grande Casse et sur l’arête de la Réchasse. Nous nous prélassons sur la terrasse où nous dégustons le premier breuvage qui ne provient pas de l’eau de source…
Les marmottes sont bien présentes alors que l’eau du lac des assiettes est aux abonnés absents.
Débriefing de la journée et préparation de la rando du lendemain. Je présente un canevas de préparation qui permet d’associer chaque participant « Préparer et faire ensemble » (comme celui que j'utilise en ski de rando et alpinisme). Ce sera le rituel de chaque jour agrémenté avec un croquis du tracé et du profil, en complément de la carte IGN. La journée s’achève par un dîner excellent et une courte veillée avant de regagner nos couchages avec le règlement spécial du refuge… « P.R.P.P. » (Il faut avoir lu ce règlement pour comprendre !).
Lundi 11 – du refuge du col de la Vanoise (2517 m) au refuge de l’Arpont (2310 m) 14 km - D+ 460 m D- 670 m - 7 heures
Petit déjeuner à 6h30 avec heure de lever en fonction du temps de préparation de chacun (C’est vous qui voyez…).
« Quand je suis prêt, vous êtes prêt ! ».
C’est une longue traversée majoritairement en balcon qui nous attend avec quelques belles montées et descentes. Torrents, flore, glaciers, villages abandonnés, faune… tous les ingrédients sont là pour passer une agréable journée. Le groupe fonctionne comme un métronome avec une excellente cohésion. Il reste suffisamment d’eau au Mollard de la Loza pour que les linaigrettes aient les pieds dans l’eau. Nous laissons la vallée de la Leisse et son torrent sur la gauche et contournons la Pointe de la Réchasse et son glacier dégarni. Nous traversons sans peine le gué des lacs de Lozières sous le Mont Pelve et commençons à apercevoir le glacier du Dôme de Chasseforêt. Il est temps de trouver un endroit stratégique pour pique-niquer… Et quel endroit ! Un jeune bouquetin vient nous rendre visite pour voir si tout se passe bien. Séance photos de rigueur. J’avais bien fait de le réserver à l’office du tourisme, en plus il est arrivé pile à l’heure de notre pause ! Nous poursuivons sous un grand soleil le GR5 (Grande traversée des Alpes du lac Léman à la Méditerranée) dans sa partie GRP de la Haute-Maurienne. Vers 15 heures nous découvrons notre refuge du soir sous le glacier de l’Arpont. Valérie, la gardienne, et son équipe, sont là pour nous accueillir (Elle m’a même confié le lendemain matin qu’elle appréciait particulièrement l’organisation de notre groupe…). Une vue superbe et dégagée s’offre à nous depuis le toit terrasse du nouveau refuge (J’en connais qui ont fait de la chaise longue les doigts de pieds en éventail…). Les anciens chalets ont été réaménagés en dortoirs de 6 ou 10 places. C’est dans un de ces derniers que nous retrouverons les bras de Morphée. L’intérieur de la salle commune a été soigneusement conçu. Nous avons du temps pour flâner l’après-midi car le groupe a très bien marché. 17h00 : rendez-vous pour le débriefing de la journée et préparation de la rando du lendemain avec des breuvages locaux (que du bio…). Super dîner, comme le premier jour. Le baptême en refuge pour 2 participantes se déroule à merveille. Attention, ce sont des refuges de luxe…
Mardi 12 – Du refuge de l’Arpont (2310 m) au refuge de Plan Sec (2310 m) 16 km - D+ 780 m – D- 754 m - 7 heures
Petit déjeuner à 6h30 avec heure de lever en fonction du temps de préparation de chacun (C’est vous qui voyez…).
« Quand je suis prêt, vous êtes prêt ! ».
Une nouvelle longue étape nous attend en débutant par une descente puis une longue montée à plusieurs étages puis une traversée en balcon avant de remonter à la toute fin des 16 km. Nous passons devant les ruines de la Chapelle St Laurent avant de découvrir la face ouest de la Dent Parrachée et l’arête W de la Pointe de la Fournache. Flore généreuse, chacun tente de mémoriser le nom des nombreuses fleurs rencontrées. Tous les moyens mnémotechniques sont bons, surtout pour certaines essences d’arbres… « Le charme d’Adam, c’est d’hêtre à poils ». Pour la faune, nous serons encore gâtés. Six gypaètes barbus (espèce menacée) viendront tourner au-dessus de nous durant notre pause pique-nique. Après avoir disparu des Alpes au début du XXe siècle, il a été réintroduit dans les années 1980. En Vanoise, le gypaète est réapparu en 1992 de manière naturelle. Aujourd’hui, on trouve en Vanoise neuf des 17 couples reproducteurs recensés dans les Alpes françaises. Le groupe est bien rodé et cette étape s’avale tranquillement malgré sa longueur avec quelques passages très minéraux (pierriers). Dans la vallée, après avoir vu Termignon, nous apercevons le village d’Aussois (ça me donne une idée… pourquoi pas un séjour multi activités estival dans ce coin ?... A suivre).
Au détour du dernier virage, nous découvrons 2 plans d’eau importants, Plan d’Amont avec son eau turquoise et Plan d’Aval. Ces 2 plans d’eau (constructions entre 1945 et 1956) sont alimentés par les torrents de montagne et leurs 2 barrages assurent le fonctionnement des centrales électriques de la vallée et participent au remplissage du lac de barrage du Mont-Cenis.
Claire et son équipe nous accueille sur la terrasse du refuge. L’endroit est sublime et les anciens chalets d’alpage au style traditionnel sont magnifiquement restaurés en refuge au confort douillet. L’ambiance est très chaleureuse, conviviale en toute simplicité. J’en connais certaines et certains qui veulent y rester 4 nuits ! Découverte de nouveaux breuvages puis douche avant le traditionnel débriefing de la journée et préparation de la rando du lendemain, qui sera l’étape la plus exigeante de ce tour. Nouveau dîner avec une montée en gamme certaine… qui va se terminer par une divine crème brûlée flambée avec un alcool de plante que l’on cueille en haute montagne ou quelques abricots.
Pour l’anecdote, je servirai de facteur au prochain refuge pour déposer un sac oublié (avec contenu très précieux) par des randonneurs espagnols...
Mercredi 13 – du refuge de Plan sec (2310 m) au refuge du Roc de la Pêche (1910 m) 13 km - D+ 725 m - D- 1125 m – 8 heures
Petit déjeuner à 6h30 avec heure de lever en fonction du temps de préparation de chacun (C’est vous qui voyez…).
« Quand je suis prêt, vous êtes prêt ! ».
La journée sera longue. J’ai choisi de passer par le col d’Aussois et non par les refuges de l’Orgère et Péclet-Polset pour avoir un itinéraire plus alpin avec une variante possible, cerise sur le gâteau, si la forme et l’envie sont là. Ce sera un festival marmottes et marmottons en passant par les refuges de la Fournache et du Fond d’Aussois avec la Pointe de l’Echelle en arrière-plan. Peu de monde sur le sentier comme pour les autres étapes. Notre traileuse s’octroie une « petite session en montée » pour parfaire son entrainement pour son futur trail. Petit exercice de montée et glissade sur un névé (un des rares sur notre passage) avec une belle partie de rigolade. Nous arrivons au col d’Aussois (2914 m). La veille j’ai évoqué une option pour des volontaires : gravir un sommet de 3000 m. On est au point de décision. C’est décidé l’ensemble du groupe tente l’ascension de la Pointe de l’Observatoire. Les sacs à dos sont laissés au col (pourquoi se charger inutilement ?!). Nous quittons le sentier pour 100 mètres de dénivelé en mode randonnée alpine dans les rochers. Chacun est attentif à ses pauses de pieds et l’aide des mains facilitera l’ascension (C’est toujours plus facile d’escalader que de désescalader). 3016 m : le sommet est atteint avec facilité. Vue à 360 degrés avec le Mont-Blanc en toile de fond. Séance photos au sommet où nous sommes les seuls à savourer le panorama. Premier 3000 pour certaines participantes… Bravo ! Avec un aperçu de ce qu’est la randonnée alpine de niveau T5. Un spit accueillera mon mousqueton et ma corde pour assurer le début de la descente. Attention de ne pas se faire une entorse à la descente ! Après avoir rejoint les sacs au col, nous attaquons la dernière partie de l’étape, soit une descente de 1000 mètres de dénivelé entrecoupée du pique-nique d’où nous suivons du regard une étagne et son cabri. Après un long passage minéral, ce sera l’alpage au niveau du chalet de Rosoire pour atteindre la ferme du Ritort où nous traversons le troupeau de vaches avec la traite en cours. Il ne reste plus qu’à dérouler nos pas sur la route forestière (GR55) jusqu’à notre dernier refuge de ce tour. Nous sommes vite repérés en arrivant par le gardien et son équipe (un groupe de 10 ne passe pas inaperçu), les consignes sont prises dans ce lieu qui pourrait également s’appeler un chalet hôtel restaurant.
Veillée avec tarot ou lecture. Demain, c’est facile, que de la descente et c’est la dernière étape !
Jeudi 14 – du refuge du Roc de la Pêche (1910 m) à Pralognan la Vanoise 7,2 km - D- 500 m – 2h30
Grasse matinée avec petit déjeuner à 7h30. La question du jour… Qui va transporter la marmotte aujourd’hui ? J’ai oublié de vous dire qu’il y avait une passagère clandestine durant ce tour des glaciers et ce, depuis le premier jour… et en plus de la porter il fallait aussi porter ses skis ! Nous nous sommes relayés pour que la marmotte mascotte de notre itinérance voyage avec chacun. Nous laisserons le Petit Mont-Blanc et ses 2680 m sur notre gauche et le roc de la Valette sur notre droite en suivant un sentier bucolique le long du Doron de Chavière bordé de ses nombreuses épilobes. Pour l’anecdote, nous franchirons le rocher d’Onze Heures à onze heures moins le quart… on a failli être à l’heure ! Notre dernière étape s’achève au centre de Pralo après avoir traversé notre camping du premier jour.
La boucle est bouclée et de belle manière. Un dernier déjeuner en commun nous permet de nous remémorer cette magnifique itinérance.
Merci de votre confiance, félicitations et bravo à toutes et à tous.
Ont participé au tour des glaciers de la Vanoise :
Anne, Catherine, Marie-Claude, Monique, Servanne, Bernard, Daniel, Jean-Paul et Pascal.
Encadrement : Claude - initiateur randonnée alpine FFCAM
Le mot de la fin…
Jean-Paul : « Le bonheur retrouvé »
Servanne : « Randonneuse heureuse avec randonneurs de bonne humeur, envie de recommencer avec sérénité »
Pascal : « Savoureux » (nouvel adhérent CAF Bourges…)
Anne : « C. c’est ça… sérieux, de bonne humeur, ça se passe toujours très bien et c’était beau »
Bernard : « un petit goût de reviens y »
Marie-Claude : « Génial et à refaire »
Daniel : « Randonnée chaleureuse »
Monique : « Randonnée ressourçante, revigorante et qui réconcilie avec le genre humain parce qu’il y a une bonne ambiance, une bonne atmosphère et de l’entraide »
Catherine : « Vivement la prochaine »
Claude : « La montagne nous a offert de superbes décors et nous avons partagé une belle histoire commune riche en émotions».
Promis, il y aura une nouvelle itinérance dans un nouveau lieu la saison prochaine au CAF Bourges.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Claude


